Dead Man

J’ai pensé à L’homme qui était mort 
De l’écrivain D.H. Lawrence
Que j’avais lu sur les conseils
De Pacôme Thiellement

Au cinéma de Lynch
Passionné par le crime
Mais aussi par la mystique
Comme le jour est la nuit

Et j’ai vibré entre chaque sketch
A la guitare de Neil Young
A ses vibrations sévères
A décharner les troncs

*

J’ai enfin vu Dead Man
Je peux m’ouvrir 
Elle a du charme
Cette histoire christique

Bien avant Paterson
Qui me l’avait fait découvrir
Après tout le monde et personne
Va sans dire, j’ai retrouvé la patte Jarmusch, ses rites

Et j’ai pris des notes
Assis dans le noir 
Bien dans ma pirogue
Sans qu’on puisse me voir

Oui, j’ai pris des coches 
Dans cet encensoir
De cette chasse à l’homme
Recevant les flashs

*

J’ai vu Dead Man
Et ça m’a fait sourire
Comme un Las Vegas 
Parallèle, intime

Johnny Depp y a ce visage de daim glabre 
Qu’on retrouvera en plus diabolique
Dans le personnage de Willy Wonka 
Son devenir Machine

Il a cette blanche aura
De prince ou princesse
Blessure blancheur roide
Qui accouche d’une perle

Et je me souviens d’un réal français 
Qui avait d’ailleurs dit de lui – sic
« Il a compris qu’être un bon acteur 
C’est être une bonne actrice »

*

J’ai vu Dead Man
Et ça m’a fait m’ouvrir
De faire ce beau voyage 
Vers je ne sais quelle lyre

J’y ai vu des visages pâles oui
Celui figé d’éclair de David Bowie
Celui de Keanu Reeves dans Matrix
Celui de Dale Cooper dans Twin Peaks

Mais là où MacLachlan a 
Ce côté dindon de l’obscur 
Depp allèche évoquant au final
D’une biche le museau et l’humus

La fraîcheur de rosée 
De sa lèvre en pourquoi
Envoie comme une flèche
Qu’on ne voit pas ne pas voir

*

J’ai enfin vu Dead Man
Et de le voir partir
Ses images, mes dianes
Je vais vous dire

De le voir 
Partir à la nacre
Dans de beaux draps
Empaqueté dans sa barque

Poupée Mattel 
Athéna alitée
S’en aller à lui-même
Dans un souffle coupé

La nuque glissant
Échec et mat
Sous l’éclat firmament
A la merci des vagues

La nacre vaincra.