Le plaisir d’aller à la piscine
Un matin de décembre
Au lieu de rester au lit
Dans de doux méandres
C’est le plaisir de déconnecter
De faire l’amour à l’eau
Tout du moins essayer
Ce rapport à l’autre
Et vaguement repenser
En ce qui te concerne
A ces mots oubliées
Ces lignes si belles
Qu’avait su en tirer
Dans un ce ses livres
Sur le plaisir de nager
Haruki Murakami
Il te semble que c’était
Dans Chronique de l’oiseau
A ressort, dont ton exemplaire
Est d’ailleurs, ironie de l’histoire
Tout gonflé d’avoir un jour pris l’eau
Au fond d’un sac que la pluie frappa
Trop longtemps pour la petite chose
Que tu avais sur le dos ce jour-là
Tu ne trouveras pas le passage
Autant pisser dans un violon
Le livre fait huit-cents cinquante pages
Et se gondole comme un bandonéon
Et si ça se trouve
L’extrait n’y figure pas
Et ta mémoire te joue
Des tours, la garce
Il est plus sûrement, peut-être
Dans La Ballade de L’impossible
Que tu as lu peu de temps après
Charmé par sa façon d’écrire
*
Le plaisir d’aller à la piscine
Un matin de décembre
Au lieu de rester à lire
Je ne sais quel encre
C’est le plaisir de se déboucher les naseaux
Se remémorer sa naissance
Littéralement d’avoir la tête sous l’eau
Les idées, ça les change
Tu repenses à « Rue des marais »
Ce morceau de Dominique A
D’une insondable tristesse
Cruelle, à fond de cale
Où il chante la perche dans le chlore
Qui lui semble hors d’atteinte
Et ça te ramène à ton corps
Qui a connu cette crainte
Et c’est plonger dans le grand bain
Laisser le monde prendre le dessus
Et l’embryon devenir la nymphe
Sa propre fleur de lotus
Danser dans le maillage jaune et bleu
Qui s’y trame comme des boules
De lotos amoureuses
Et le pull qui s’y trouve
Songer au « Lazy Sunbathers »
Tout en refrain et cône glacé
A mille lieux de la guerre
De Stephen Patrick Morrissey
Et son reflet narcissique
Pop-artisé par Hockney
Éléphant dans un jeu de quilles
Divinement abstraits
Et retrouver ce qu’on avait laissé dans un box
Et se sentir un homme nouveau
Qui, jeté dehors, remet la main sur son phone
Et, oh, il y a plein de petits mots !
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